Extrait du Guide des Alternatives 4èmeédition, ouvrage collectif coordonné par Philippe Lécuyer et imprimé sur papier recyclé aux Editions du Fraysse
Chapitre V – Vivre Autrement
A-CONSOMMER AUTREMENT
Pour une vie de qualité, choisissons des produits de qualité!
L'acte d'acheter un produit est essentiel dans la détermination des orientations d'une société. Alors que le vote permet de s'exprimer très épisodiquement, le fait d'acheter est finalement un acte politique que nous effectuons presque quotidiennement. Notre type de consommation a une influence économique et sociale très importante, cautionnant ou non l'élevage en batterie, la construction de centrales nucléaires, l'exploitation des pays du tiers-monde...
--En consommant des produits biologiques, nous aidons les agriculteurs qui respectent le sol et la nature, qui proscrivent les engrais chimiques polluant les sols et les pesticides contaminant nos aliments. Malheureusement, les grands groupes industriels de la chimie rachètent les circuits de production et de distribution bio, considérant ce secteur comme porteur et lucratif. Ils poussent les agriculteurs bios à une productivité plus forte en diminuant leurs prix d'achat et incorporent des techniques industrielles qui amoindrissent la qualité des produits. Il est donc judicieux d'acheter directement aux producteurs ou d'adhérer aux circuits courts et magasins qui garantissent la provenance et la qualité des produits.
--En diminuant la consommation de viande, nous réduisons le gaspillage écologique, les souffrances animales et nous améliorons la solidarité et notre santé. En effet, près de 40°/° des céréales produites sont données à manger au bétail, dans le monde où l'on estime que 35.000 personnes meurent par jour de faim et de malnutrition. Or, avec la même parcelle de terrain nécessaire pour mourir une personne carnivore, on peut nourrir sept mangeurs de céréales. Une étude de l'Université de New York sur les coûts réels de production en milieu tropical concluait que "le coût réel d'un seul hamburger pour la planète était de 150Euro, soit cent fois plus que son prix de vente aux USA. Diminuer la consommation de viande a un impact écologique indéniable et très positif."
--En s'habillant de fibres naturelles (laine, lin, chanvre, coton, soie,...), plus saines pour notre corps et notre santé. Leur utilisation, par le biais de produits artisanaux, permet de développer des circuits de production et de transformation respectueux de la nature et de l'homme. Les artisans, travaillant dans le cadre d'une éthique de partage équitable des revenus, permettent à tous les acteurs de leur filière de vivre honorablement de leur activité, ce qui n'est guère le cas pour les entreprises transnationales qui payent le moins possible leurs ouvriers du tiers-monde et leur fournisseurs de matières premières, exploitant tout le monde au maximum.
--En boycottant les bois exotiques, nous protégeons les forêts équatoriales du massacre et nous évitons la disparition des peuples et de toutes les espèces qui y vivent.
--En utilisant du papier recyclé, nous limitons à la fois l'exploitation des forêts et la pollution de l'eau. De plus, nous favorisons les entreprises qui s'affairent à récupérer et trier les vieux papiers, souvent pour des salaires de misère en France faute d'une demande assez forte et du fait de la concurrence d'autres systèmes subventionnés (en Allemagne par exemple)
Etre un consommateur responsable:
Par conséquent, l'acte d'acheter n'est nullement anodin. Il constitue bel et bien un engagement politique, conscient ou inconscient, qui détermine les choix éthiques (ou l'absence de choix) de notre société.
Il nous faut choisir soit des produits industriels et dénaturés, fabriqués en exploitant et détruisant la planète et les humains, soit des produits de qualité qui respectent la vie.
On considère souvent que les produits biologiques et artisanaux sont plus onéreux que les produits industriels, mais ce n'est bien souvent qu'une apparence. Le pain bio au levain coûte autour de 3 euro/kg dans mon village ( un peu plus dans les grandes villes), ce qui est inférieur au pain fantaisie. De plus, la courte conservation du pain ordinaire génère un gâchis estimé à 20°/°, alors que le pain bio se conserve une semaine. Quant aux autres produits biologiques et naturels qui peuvent être plus chers, la création de groupements d'achat direct auprès des producteurs ou des coopératives permet d'obtenir des prix assez proches de ceux des produits industriels.
Et n'oublions pas qu'aujourd'hui, si les produits alimentaires industriels sont bon marché, leur appauvrissement en éléments vitaux entraîne une augmentation de nos dépenses de santé, dont le total dépasse aujourd'hui celui de l'alimentation.
N'est-il pas plus judicieux pour notre santé de consommer des aliments équilibrés, que de dépenser la différence économisée en soins et en médicaments.
Extrait du Guide des Alternatives 4èmeédition, ouvrage collectif coordonné par Philippe Lécuyer et imprimé sur papier recyclé aux Editions du Fraysse